Biographie
Misti est née en 1977 à Paris dans le 19e arrondissement et y a grandi. A seize ans, elle découvre les carrières souterraines de la capitale. Elle est alors immédiatement fascinée par les éclairages à flamme vive, bougies et lampes à acétylène. Mais aussi l’histoire parisienne, l’ambiance cataphile et urbaine, les tracts… Véritable mode d’expression libre et parallèle qui court sous la ville depuis une trentaine d’années.
Elle dessine d’abord en noir et blanc puis, sous l’impulsion de Silence et Président, qui tractent en couleur, elle se dirige vers les pastels secs, peinture sans pinceau, directe, proche de son tempérament. Elle apprend à dessiner, à peindre auprès des maîtres de la Société des Pastellistes de France qui la forment pendant leurs stages à la technique du portrait, du nu et de la nature morte. Elle suit également les cours de l’Atelier d’Art de Nargis, aux côtés de Michel Merlin et de Claude Boulanger, peintres du Fantastique…
Elle expose depuis 2009. C’est en 2011 qu’elle décide de réaliser des pastels directement sous terre, à la frontale et sur le vif, dans ces lieux qu’elle ressent si fortement. Elle est sensible aux légères variations de la lumière et aux énergies. Les flammes étant mouvantes, elles entraînent avec elles les ombres, qui animent les lieux de façon magique. Les ténèbres sont porteuses, voilà pourquoi elle travaille sur papier noir, utilisant la poudre de pastel comme lumière à peindre. Il s’agit pour Misti de peindre « à l’envers », en négatif, du sombre au clair. Mais ne parle-t-on pas, pour ces carrières souterraines, de doublure noire de la ville ? Peindre ainsi est pour elle une évidence dans les catacombes. Y emmener tout son matériel, planche à dessin, chevalet, pastels secs, est un vrai défi. Car le pastel craint l’eau. Et ces lieux connaissent un taux d’humidité de plus de 90 %. Remonter les œuvres en bon état est une gageure.
Ses œuvres sont exposées en surface et sous verre. Depuis ses débuts au Ton Air de Brest, pub du 14e arrondissement, elle a exposé en squat, en carrière à Ivry-sur-Seine, au Batofar de Paris, puis à l’Espace Oppidum dans le 3e. Elle a également coordonné l’événement Ktartistes en 2016, en lien direct avec l’univers cataphile, mais en surface ! Son souhait est de réunir autour d’un art accessible à tous et d’offrir un moment fédéré pour cette communauté cataphile fluctuante, traversée d’énergies vivaces. Voilà pourquoi art et squats sont si liés.
Ses oeuvres redescendent sous forme de tracts plastifiés, qu’elle cache avec soin lors de ses pérégrinations à la fraîche. Cette pratique ludique crée du lien entre Misti et les personnes qui les trouvent, quelques heures, quelques jours, quelques mois parfois après ! Des tracts, souvenir d’une balade, d’une longue chatière boueuse ou d’un puits à échelons, comme un trophée pour les courbatures ! C’est aussi pour elle une manière d’amener l’art aux autres, sans distinction. Car qui les trouve, ces tracts ? Mis à part quelques retours par voie directe ou numérique, elle ignore qui les ramasse, qui les échange, qui les collectionne, qui les affiche. L’exposition est alors l’occasion de rencontrer les inconnus touchés par son travail en sous-sol. Celles et ceux qui sont allés dessous, voir…